Faly Stachak pour l'atelier d'écriture
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Faly Stachak intervient auprès d'un très large public dans les domaines de la formation, de la culture, de l'éducation. Elle est spécialisée en événementiel et en création de récits collectifs.

Elle a mené de nombreux ateliers d'écriture en Alsace, dans le Nord, à Paris et dans les Dom-Tom.

Auteure régulière, on lui doit aussi
50 ans, la plus belle vie des femmes (aux éditions Eyrolles)
en collaboration avec l'ethnologue Denise Vogeleisen.

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- EXTRAIT -

LE DIALOGUE

Un dialogue est un procédé littéraire qui retranscrit une conversation fictive ou réelle ou style direct, c'est-à-dire que le narrateur ne raconte plus - ou peu -, il laisse la parole à ses personnages. Deux sens au terme de dialogue, tels que nous les connaissons habituellement :

- Un premier, qui constitue un genre littéraire à part entière et qui s'apparente à des entretiens, des conversations, entre deux personnes? Dans ce sens, ces "dialogues" ont une vocation pédagogique : permettre au plus grand nombre d'accéder plus facilement à des idées parfois difficiles, des abstractions, des confidences, etc... Dans tous ces cas, les propos s'apparentes à un questionnement, voire un débat, une confrontation, plus vivante qu'un long discours solitaire. Il s'agit alors d'échanger, de proposer, de démontrer, de convaincre, comme dans la vie, d'une façon qui semble naturelle, spontanée, libre, authentique, avec pour témoins, voire troisième personne, le lecteur.

- Le second sens est celui utilisé dans l'oeuvre romanesque et au théâtre.

LES ROLES DU DIALOGUE :
Dans une fiction, et surtout s'il s'agit d'un roman, le dialogue sert à faire vivre les personnages, à nous de les rendre encore plus "vrais". Ainsi, sans chercher à caricaturer, les personnages possèdent leur propre marque de langage (psychologie, statut social, etc...) mais surtout ils ont chacun une motivation profonde (manque, désir, ambition...) comme de vraies personnes, et qui les fait avancer.
Les dialogues ont aussi, à l'intérieur d'un récit, un rôle et une fonction précise et vont faire, par leurs échanges, avancer l'action. Car s'ils sont vivants, réussis, ils renseignent toujours plus le lecteur sur l'histoire des personnages, leur psychologie, leur motivation, les actions futures...et contribuent de fait, selon son importance, à l'avancement du récit. Enfin, ils rompent le cours parfois monotone - mais néanmoins nécessaire - de la description et facilitent la lecture.

LES FORMES DU DIALOGUE :
Dans le cas d'une oeuvre romanesque (roman, conte, nouvelle...), il existe trois formes de discours dialogué :
- Le dialogue au style indirect : le narrateur rapporte les discours de ses personnages : Madame Dupuis exhorta son mari à se coucher parce qu'il dormait sur la table mais celui-ci refusa.
- Le dialogue au style indirect libre : Madame Dupuis revenait à ses reproches habituels, il ferait bien d'aller se coucher, il dort sur la table...
-Le dialogue au style direct : comme son nom l'indique, le narrateur fait directement parler les personnages :
- Va te coucher, tu dors sur la table, s'exclama d'une voix aigre, madame Dupuis en regardant son mari affalé dans son assiette.
- Pas encore, j'attends le début du film...
- Pfffff...
Madame Dupuis sortit de la salle à manger en claquant la porte.

Pour que le lecteur imagine mieux les personnages, le narrateur indique de temps en temps, de façon plus ou moins régulière, le ton, la gestuelle, etc... des personnages et le décor dans lequel ils évoluent.

LES FORMES ET LES MARQUES GRAPHIQUES DU DIALOGUE DANS L'UNIVERS ROMANESQUE :
La marque graphique la plus courante est depuis peu simplifiée : le dialogue s'introduit légèrement en retrait du corps du texte et s'ouvre simplement par un tiret contrairement à l'usage encore récent où il fallait l'introduire par des guillemets pour annoncer la première phrase, poursuivre par des tirets, et à chaque reprise de la narration (si petite soit-elle, une description de deux lignes par exemple) clore la dialogue par des guillemets, puis les rouvrir pour le reprendre.
Avec le dialogue, les marques de la ponctuation sont encore plus essentielles que dans le reste du texte afin d'en souligner le ton, l'exoressivité des personnages. Ainsi, les points de ponctuation, d'interrogation, d'exclamation...
Enfin, il faut régulièrement préciser qui parle (sans que cela soit systématique, tant au-delà du rythme que de la syntaxe) afin que le lecteur puisse repérer, varier les verbes déclaratifs, écrire des répliques de longueurs inégales pour rendre le dialogue vivant et créer l'illusion.

D'AUTRES FORMES DE DIALOGUE :
Parfois les dialogues s'inspirent de la transcription théâtrale ou cinématographique. Par exemple, les marques (ponctuation notamment), la façon de nommer les personnages sont différentes, et ce qui pourrait ressembler à des discalies (indications scéniques) fait davantage partie d'un dispositif narratif que théâtral.
De même, au théâtre, d'une façon conventionnelle, à chaque nouvelle entrée d'un personnage, la scène change ( voire l'acte lorsque tous les personnages entrent et sortent de scène). Dans un dialogue romanesque, la narration se poursuit sans qu'il soit nécessaire de l'interrompre. D'une façon générale, l'univers romanesque laisse une grande liberté de dispositifs narratifs, tous signifiants :

- Exemple -
" LE PROFESSEUR (enlevant toque et manteau). Et dire que quand j'étais petit, j'aimais la neige ! (Il pend ses oripeaux près de la porte. Marina continue à lire. Il la regarde.) Joie et douceur du foyer : la femme lit en attendant le retour de l'homme. On vous ajouterait vingt kilos et vous seriez une vision tout à fait rassurante, Marina..(Elle ne réagit toujours pas.) Et la femme se lève et accueille l'homme avec des cris de bonheur.
MARINA (qui semble enfin s'apercevoir de sa présence). Vous disiez quelque chose, professeur ?
LE PROFESSEUR. Oh, rie, je fantasmais. (Il va s'asseoir sur une autre chaise. Le mauvais temps l'a exténué.) Que lisez-vous, mon enfant ?
MARINA (sans le regarder). La cuirasse du prophète.
LE PROFESSEUR. C'est bien, ça, de lire Sorloff ! Je suis impressionné par votre soif de culture. "

Amélie Nothomb, Les Combustibles, Albin Michel, 1994, p.41-42

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